Panneaux solaires : le dernier fabricant allemand, Solarworld, dépose le bilan

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Il est important de savoir d'où viennent vos panneaux avant de les faire installer. Leur qualité est un paramètre essentiel. Solarworld le groupe allemand producteur de panneaux photovoltaïques dépose le bilan à cause notamment de la concurrence chinoise.

Il avait survécu à la vague de faillites qui a emporté les champions de l'industrie solaire en Allemagne. Solarworld, dernier gros fabricant de panneaux photovoltaïques du pays, a finalement annoncé mercredi soir son intention de déposer le bilan. La nouvelle n'a guère surpris outre-Rhin : dans le rouge depuis des années, Solarworld a essuyé une perte de 92 millions d'euros en 2016, et a vu sa dette exploser à plus de 300 millions d'euros.

« Solarworld souffre comme toutes les entreprises du secteur de la pression sur les prix et des surcapacités internationales provoquées par la concurrence massive à bas prix de la Chine », décrypte Claudia Kemfert, experte en énergie à l'Institut allemand de recherche économique à Berlin (DIW). Portée par des subventions publiques destinées à doper l'énergie verte, l'industrie solaire allemande ambitionnait encore au début de la décennie d'exporter ses panneaux dans le monde entier.

Capacités de production limitées

La concurrence asiatique et la baisse des subventions allemandes ont porté un coup fatal à ses entreprises vedettes comme Q-Cells, Solon et Conergy, qui ont mis la clef sous la porte entre 2012 et 2014. La branche photovoltaïque n'employait plus que 32.000 personnes outre-Rhin en 2015, contre plus de 100.000 en 2012, selon les chiffres du ministère de l'Energie.

Mais Solarworld, qui emploie environ 3.000 personnes et génère un peu plus de 800 millions d'euros de chiffre d'affaires, a également commis une erreur stratégique : « Le groupe a trop misé sur le marché de masse et pas assez sur la spécialisation et l'élargissement à des technologies innovantes », estime Claudia Kemfert. Car, avec ses capacités de production limitées, l'entreprise rhénane fondée en 1998 ne fait pas le poids sur le marché de masse face aux groupes capables de produire de gros volumes, et donc à moindre coût, à l'image du chinois Trina Solar.

« C'est une étape amère pour Solarworld, la direction et le personnel, mais aussi pour l'industrie solaire en Allemagne », a commenté son flamboyant patron, Frank Asbeck, que la presse allemande avait surnommé « le roi soleil » au zénith du boom du photovoltaïque. Ce dernier dénonce depuis des années la concurrence des produits chinois subventionnés et milite pour le maintien des mesures antidumping adoptées par Bruxelles en 2013. Déjà sauvé il y a quatre ans grâce à une restructuration de sa dette, le groupe espérait en mars encore se tirer d'affaire avec l'annonce d'un programme d'économies.

Retrouvez cet article sur le site du journal Les Echos.