En France, l’autoconsommation photovoltaïque attend encore un rayon de soleil

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Actualisation du jeudi 1er octobre : Le ministère de la Transition écologique a dévoilé le 1er octobre deux mesures pour soutenir le développement des panneaux solaires. Le plafond pour le guichet tarifaire des installations sur toitures a été augmenté de 100 kWc à 500 kWc. "Cela permet ainsi de créer plus de projets de façon simplifiée, sans avoir à candidater à un appel d’offres", explique le gouvernement. Ce seuil, équivalent à 5 000 mètres carrés de panneaux solaires, devrait permettre aux entreprises d'opter plus facilement pour l'autoconsommation. Aussi, le tarif de rachat de l'électricité photovoltaïque devait être baissé au 1er octobre. Cette diminution a été révisée de -8,7 % à -3,8 % pour favoriser la reprise du secteur.

EDF a présenté mercredi 23 septembre sa stratégie commerciale à horizon 2023. L’électricien français veut s’appuyer sur des offres émergentes pour limiter ses pertes de clientèle. Parmi elles : l’autoconsommation photovoltaïque. Outre EDF, de nombreuses entreprises veulent développer cette filière alors que la France accuse du retard sur ses voisins européens.

Une offensive d’Ikea sur l’autoconsommation

À la veille de la présentation d’EDF, Ikea et Voltalia (filiale du groupe Mulliez) ont agité le secteur solaire en dévoilant un service “clef en main” d’installation de panneaux photovoltaïques pour les particuliers. L’annonce peut effectivement préoccuper les acteurs traditionnels : Ikea revendique une part de 15 % dans le marché français de l’ameublement et de l’aménagement de la maison.

Ikea et Voltalia veulent notamment se démarquer sur le prix. Baptisée Solstrale, la solution est commercialisée à partir de 6 990 euros pour six panneaux d’une puissance de 310 watt-crête (Wc) chacun. Les deux entreprises parlent d’une installation rentable en sept à 10 ans même si la garantie de production ne court que pendant cinq ans.

“Le marché de l’autoconsommation se développe rapidement”, commente Marc Benayoun, directeur exécutif chez EDF en charge du pôle clients, services et territoires. Face aux nouveaux entrants, le groupe met en valeur sa connaissance des systèmes électriques et la qualification de ses installateurs. “Avant que les concurrents arrivent à atteindre ce niveau de performance, je leur souhaite bon courage”, ajoute le dirigeant.

La France en retard sur ses voisins européens

Au deuxième trimestre 2020, selon Enedis, la France comptait 77 255 installations à des fins d’autoconsommation pour une capacité de 319 MW. Fin 2018, le gestionnaire du réseau d’électricité dénombrait seulement 39 129 installations similaires. Une belle croissance, certes, mais qui fait pâle figure à côté d’autres pays européens, qu’ils soient ensoleillés ou non. Dès 2018, on comptait 1,5 million “d’autoconsommateurs” en Allemagne, 750 000 au Royaume-Uni, 630 000 en Italie, 380 000 en Belgique et 90 000 au Danemark.

De son côté, EDF équipait 15 000 maisons avec des panneaux photovoltaïques à travers sa filiale EDF ENR en 2019. L’entreprise revendique la première place sur le marché français avec une part de 20 % dans l’autoconsommation résidentielle. Et elle vise à doubler sa puissance photovoltaïque installée entre 2019 et 2023.

D’autres industriels s’intéressent à cette filière. Total Quadran avait annoncé en février un partenariat avec le groupe InVivo pour développer des solutions agrivoltaïques en France. Avant Ikea, la marque française ekWateur proposait aussi un “kit solaire” pour les particuliers avec un prix ultra-compétitif : 770 euros livraison incluse pour un panneau de 310 Wc à brancher sur une simple prise électrique.

Entre complexité administrative et arnaques

Chez ces entreprises, les arguments ne manquent pas pour tenter de convaincre de nouveaux autoconsommateurs. Le prix des panneaux photovoltaïques diminuent tandis que le tarif de l’électricité risque de grimper. En 2012, l’Union française de l’électricité s’attendait à une hausse de 50 % de prix du kilowatt-heure d’ici à 2030. Être équipé de panneaux solaires permettrait au contraire de maîtriser sa facture d’énergie, voire de faire du profit en vendant de l’électricité au réseau.

Comment expliquer, malgré ces offres, le retard français ? Le syndicat de l’énergie solaire en France, Enerplan, souligne souvent la complexité des démarches. Les installations sont soumises à autorisation et le raccordement demande du temps. Il faut souvent compter plusieurs mois pour la mise en place d’un projet. Même si les aides et les abattements fiscaux existent, ils ne sont pas toujours connus du grand public.

Malgré la promesse de rentabilité, l’investissement initial peut également dissuader de nouveaux utilisateurs. D’autant plus que la filière de l’autoconsommation compte aussi son lot d’arnaques. Sur son site, l’Association des victimes du photovoltaïque compile les témoignages des consommateurs déçus ou bernés.

Le gouvernement veut alléger certaines contraintes

Les contraintes pèsent aussi pour les collectivités ou les entreprises qui ont recours à l’autoconsommation pour alimenter leur siège, des écoles ou des stations de véhicules électriques. Jusqu’à présent, pour des installations de plus de 100 KWc, les acteurs devaient nécessairement passer par un appel d’offres pour avoir le droit d’injecter de l’électricité dans le réseau. En février 2020, la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne parlait de relever ce plafond à 300 KWc pour encourager le développement des projets.

Il faudra bien abattre ces obstacles pour tenir les objectifs de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Elle prévoit effectivement l’installation de 200 000 projets d’autoconsommation photovoltaïques pour 2023.

source:https://www.usinenouvelle.com/article/en-france-l-autoconsommation-energetique-attend-encore-un-rayon-de-soleil.N1008269