Escroquerie et nains de jardins : des personnes âgées ciblées dans la région

picture-33YHiKH3p6i0s4gAo2oWeK

Des gendarmes girondins ont mené pendant deux ans des investigations techniques et financières contre une société soupçonnée de vente forcée et d’escroquerie.

Des clients crédules et souvent âgés, considérés comme des pigeons à plumer jusqu’au dernier euro et décrits en des termes peu flatteurs. Des commerciaux maîtrisant parfaitement l’art de vendre – cher – des produits dont les acheteurs n’ont même pas besoin, quitte à utiliser des méthodes douteuses voire trompeuses.

Au terme de deux ans d’enquête, les gendarmes de la compagnie de Bouliac viennent de mettre en lumière un vaste dossier de pratiques commerciales agressives, d’escroquerie, d’abus de faiblesse ou de l’ignorance de la personne démarchée, de faux et usage de faux et de blanchiment aggravé…

52 plaintes à travers la région

La première plainte date de février 2015. D’autres ont suivi, mettant en cause la société Ideal ENR, installée dans le parc d’activités Mermoz à Eysines et spécialisée dans la rénovation de l’habitat et les économies d’énergie. Pris isolément, ce type de plaintes paraît souvent comme une goutte d’eau dans la mer des arnaques. Mises bout à bout, elles deviennent un véritable fait de société.
Un préjudice qui dépasserait le million et demi d’euros
Deux enquêtrices de la brigade de recherches de Bouliac ont donc entrepris de traiter le sujet dans sa globalité, en commençant par éplucher le fichier clients de l’entreprise. Cinquante-deux plaintes émanant de Girondins, Lot-et-Garonnais, Charentais et Périgordins étayent désormais leur dossier qui les a fait jongler au quotidien entre droit de la consommation et droit pénal. Avec un préjudice qui dépasserait le million et demi d’euros.
La société Ideal ENR est visée par une vaste enquête qui devrait la conduire au tribunal.
La société Ideal ENR est visée par une vaste enquête qui devrait la conduire au tribunal.
CRÉDIT PHOTO : PHOTO FL.M.
Les clients se plaignent pêle-mêle de poses de panneaux photovoltaïques non reliés au réseau électrique et parfois sans autorisation, de celles de chauffages non raccordés, d’isolation inefficace, de promesses d’opérations blanches ou de crédits d’impôts alors qu’ils n’étaient pas éligibles, de blanc-seing à des organismes de crédit via des imprimés signés vierges, de conditions avantageuses illusoires pour des prêts à la consommation qui omettaient volontairement charges et reports de mensualités. Ce n’est pas tant la qualité de la marchandise qui est en cause que la façon de faire.

Les seniors ciblés… par leurs nains de jardins

Certains détails ont alerté les enquêtrices et peuvent caractériser une infraction pénale. Comme un ciblage particulier des personnes âgées supposées plus faciles à convaincre. Les commerciaux, en effet, démarchaient à domicile après avoir noté des prénoms anciens dans l’annuaire ou repéré potiches et nains de jardins autour des maisons. Ils recrutaient également leurs clients dans les galeries de centres commerciaux, recherchant des personnes d’un certain âge et revenant si régulièrement à la charge qu’ils obtenaient gain de cause à force de harcèlement.
"De très nombreux clients n’ont en effet pas déposé plainte. Parce qu’ils avaient honte de s’être fait avoir"
Les victimes, auprès desquelles les gendarmes n’ont pas hésité à faire de l’accompagnement social, sont pour beaucoup vulnérables, modestes voire déjà surendettées. « Nous avons plus de 500 clients », revendique un responsable d’Ideal ENR. De très nombreux clients n’ont en effet pas déposé plainte. Parce qu’ils avaient honte de s’être fait avoir ou tout simplement parce qu’ils ne trouvaient rien à redire à la prestation fournie. « Ceux qui ont déposé plainte ont été démarchés par les gendarmes, alors que c’est à nous qu’on reproche un démarchage agressif, c’est un comble », accuse-t-il. Le 11 avril, huit personnes – gérants, commerciaux, animateur des ventes ou directeur d’agence – ont été interpellées et placées en garde à vue dans le cadre de cette enquête préliminaire. Remises en liberté, elles sont dans l’attente de leur convocation en justice. Les gendarmes lancent à cette occasion un appel à la vigilance face à ces méthodes bien rodées mais ravageuses.
source  http://www.sudouest.fr/2017/04/19/haro-sur-les-pratiques-commerciales-trompeuses-3378046-2782.php