Arnaque. Jacques Sordes avait monté une combine en vendant des produits de défiscalisation dans l’énergie solaire. Il a été condamné à six ans de prison ferme pour avoir floué plus de 5 000 investisseurs.
Cinquante-six millions d’euros partis en fumée, plus de 5 000 investisseurs floués… C’est l’une des plus grandes escroqueries financières des dernières années. Et elle s’est soldée, hier, par la condamnation de son principal animateur, Jacques Sordes, à six ans de prison ferme pour « escroquerie en bande organisée » par le tribunal correctionnel de Paris.
A la tête de DOM-TOM Défiscalisation (DTD), le volubile Jacques Sordes — qui s’est rebaptisé Jack Michael Sword (sword signifie épée en anglais) — proposait un produit miracle : un investissement dans des panneaux solaires en Guadeloupe et en Martinique. Un placement financier qui, grâce à la niche fiscale dite du Girardin industriel, devait permettre de récupérer un rabais fiscal important. « Pour un investissement de 5 €, les contribuables devaient récupérer 6 € d’avantage fiscal », explique Hélène Féron-Poloni, avocate de parties civiles.
Le hic, c’est que l’argent n’a jamais véritablement servi à financer des panneaux solaires viables dans les Antilles. Seuls une dizaine de millions d’euros ont été investis sur place. « Les rares panneaux solaires qui ont été achetés n’ont jamais été connectés au réseau d’EDF », souligne Hélène Féron-Poloni. Or, pour l’administration fiscale, ne pas avoir de raccordement au réseau empêche d’avoir droit à l’avantage fiscal… Où est donc passé l’argent ? Un appartement à Manhattan (New York), trois maisons à la Martinique, un pied-à-terre au Luxembourg… Jacques Sordes avait la folie des grandeurs.
5000 investisseurs
Les collectes de fonds ont duré pendant trois ans, de 2007 à 2010, notamment grâce à la bienveillance d’un haut fonctionnaire de Bercy (condamné depuis pour corruption). Plus de 5 000 investisseurs se sont jetés sur ses produits. Attirés par les rendements pharaoniques proposés mais aussi par l’image de cet homme qui aurait réussi dans les affaires dans le monde entier, posant en photo, en guise de preuve, aux côtés de personnalités du monde économique comme Donald Trump…
Va-t-il faire appel de cette décision ? « Il est incarcéré actuellement à Fresnes. C’est une peine lourde pour un homme de 70 ans, malade, qui se déplace en fauteuil roulant », explique son avocat, Me Jean Tamalet. Et de préciser : « Nous allons réfléchir à l’opportunité d’un appel, ce n’est pas encore tranché. » Quant aux victimes, elles ne sont pas forcément au bout de leurs peines. « Il doit des montants faramineux. Mais tous ses biens ont déjà été saisis. On ne tond pas un œuf », assure Jean Tamalet. Plus de 900 personnes se sont portées parties civiles. Certaines d’entre elles pourraient continuer les poursuites judiciaires notamment contre les intermédiaires financiers.Source: