Autoconsommation électrique ..

Association des victimes du photovoltaïque - Victimes d'une arnaque photovoltaïque

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Autoconsommation électrique : un an d’autonomie au compteur

Produire et consommer sa propre électricité est plus facile depuis la loi du 24 février 2017 et permet de faire des économies à long terme. Une pratique qui devrait prendre de l’ampleur ces prochaines années.

  Autoconsommation électrique : un an d’autonomie au compteurProduirons-nous tous demain nos propres électrons avant de les consommer, comme nous pouvons le faire aujourd’hui avec nos légumes du jardin ? Un an après la loi du 24 février 2017, qui lui a donné un cadre juridique fiable, ce nouveau rapport à l’énergie, qui constitue une petite révolution, pourrait connaître un véritable essor. Un mouvement appuyé par le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui a déclaré, il y a peu, souhaiter «que chaque territoire, chaque citoyen, à terme, s’il le décide, puisse produire sa propre énergie pour sa propre consommation». De quoi contribuer, espère-t-il, à un «changement d’échelle» dans le domaine du solaire, qui représente aujourd’hui à peine 1,6 % de la production d’électricité en France, contre 6,2 % en Allemagne.

Des conditions favorables

Pour l’heure, la France compte à peine 20 000 à 30 000 autoconsommateurs (particuliers ou entreprises) raccordés au réseau public de distribution d’électricité Enedis. Ce qui représente moins de 0,4 % de la consommation française de courant. Encore loin derrière l’Allemagne (1,5 million d’autoconsommateurs), le Royaume-Uni (750 000), l’Italie (630 000) ou la Belgique (380 000). Mais la demande s’envole. Au premier semestre 2017, plus de la moitié des nouvelles installations solaires photovoltaïques étaient en autoconsommation. Et 63 % des foyers français se disent intéressés, selon un sondage commandé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en 2016. L’engouement est tel que le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE, prévoit 4 millions d’autoconsommateurs en France en 2030.

EDF a bien compris l’enjeu. A l’instar de nombre de PME d’installation de panneaux solaires ou de fournisseurs «militants» comme Enercoop, l’électricien français propose depuis juin 2016 une offre d’autoconsommation à tous ses clients particuliers. Baptisée «Mon soleil & moi», elle permet de consommer l’énergie produite par ses propres panneaux et d’en stocker une partie pour la consommer au moment voulu. Son concurrent Engie a lancé une offre similaire, «My Power».

Un essor largement dû à la loi de février 2017. Jusqu’à cette date, les propriétaires de panneaux solaires avaient tout intérêt à revendre l’électricité produite, car ils bénéficiaient pour cela de tarifs très avantageux. Avec la baisse des tarifs de rachat, conjuguée à la hausse des prix de l’électricité sur le marché et à la chute continue des coûts de l’électricité solaire (liée aux progrès technologiques), les conditions économiques sont devenues plus favorables à l’autoconsommation.

Selon une étude du syndicat professionnel Enerplan et du cabinet Sia Partners, l’autoconsommation domestique pourrait permettre de faire des économies dès la treizième année après l’installation du dispositif, avec un fonctionnement des panneaux généralement garanti vingt-cinq  ans. Au total, sur vingt-cinq ans, et dans le cas d’une autoconsommation de 80 % avec revente du surplus au réseau public, le foyer réduirait sa facture de 10 % chaque année, investissement de départ compris. Et de 19 % par an hors investissement. Des économies doublées en cas de hausse de 5 % par an des prix de l’électricité, contre 2,5 % dans le premier cas. Gare, toutefois, au risque d’arnaques : Enerplan fait la chasse aux «éco-délinquants du solaire qui détériorent l’image du secteur».

Faire coïncider production et utilisation

De son côté, l’Ademe souligne dans un avis publié le 1er février que «la rentabilité d’une installation en autoconsommation est déjà une réalité économique». Pour les grandes toitures tertiaires, industrielles et agricoles, avec un taux d’autoconsommation de 90 % (par exemple, un supermarché dont les horaires d’ouverture coïncident avec la production solaire) et l’hypothèse d’une hausse des prix de l’électricité de 3 % par an, elle est «déjà rentable, sans soutien, dans le sud de la France». Dans le résidentiel, où le taux d’autoconsommation est souvent plus faible, entre 20 % et 50 %, car la consommation est moins bien synchronisée avec la production, un retour financier intéressant serait au rendez-vous «sur la quasi-totalité du territoire métropolitain avant 2025, en gardant un dispositif de soutien» (prime à l’investissement, exonération de taxes sur les kWh autoconsommés…).

Tout l’enjeu est donc, pour les particuliers, de maximiser leur taux d’autoconsommation, c’est-à-dire de faire coïncider au mieux leur production et leur consommation d’électricité. Une série de services et d’outils de maîtrise et de pilotage de l’énergie sont donc proposés par des entreprises comme Comwatt, MyLightSystems ou Monabee, ce qui permet, selon l’Ademe, d’améliorer le taux d’autoconsommation «au-delà de 70 %». Les usages les plus gourmands en électricité sont alors déplacés pendant les heures d’ensoleillement, comme la production d’eau chaude ou la charge intelligente d’un véhicule électrique. Le stockage par batteries est une autre option, mais à moyen terme, car les coûts restent prohibitifs.

l’autoconsommation collective prometteuse

Pour Richard Loyen, délégué général d’Enerplan, «l’autoconsommation collective est plus prometteuse encore que l’individuelle, c’est cela qui va vraiment faire décoller le marché, et sera facilité par le numérique, qui permettra de tracer les électrons». Tels les jardins partagés, l’idée est de permettre à plusieurs consommateurs et producteurs de se lier au sein d’une personne morale pour autoconsommer collectivement l’électricité renouvelable, en se répartissant la production en aval d’un même poste de distribution d’électricité.

Cela concerne par exemple un bâtiment regroupant plusieurs logements, un quartier résidentiel ou un centre commercial utilisant sa toiture pour alimenter plusieurs boutiques. Ce marché-là, bien que prometteur, n’a pas encore décollé. Mais quelques expérimentations existent, et une vingtaine d’entre elles pourraient être lancées cette année. A Bordeaux, le bailleur social Gironde Habitat, l’opérateur du réseau d’électricité Enedis et l’entreprise Inelia ont inauguré, le 1er décembre, ce qu’ils considèrent comme «la première installation d’autoconsommation collective de France», qui vise à alimenter 60 ménages avec l’électricité produite par 260 m2 de panneaux solaires posés sur le toit de l’immeuble. Le titre est disputé. A Forcalquier (Alpes-de-Hautes-Provence), un collectif d’habitants a passé Noël dans «la première résidence alimentée collectivement par des panneaux solaires», vante le fournisseur d’électricité local Ilek, qui a accompagné le projet (11 logements alimentés par 96 m2 de panneaux produisant 22 000 kWh par an).

Grâce aux énergies renouvelables en général et au solaire en autoconsommation en particulier, un nouveau monde énergétique se dessine, loin de l’hypercentralisation et du monopole d’EDF qui prévalaient jusqu’ici. Encore faut-il, espère Richard Loyen, d’Enerplan, que le gouvernement ne se mette pas à «brider l’énergie des territoires»en suivant la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui a recommandé le 15 février de restreindre les exonérations de taxes aux plus petites installations individuelles en autoconsommation (0 à 9 kW pour le photovoltaïque, alors que l’exonération actuelle concerne celles inférieures à 1 000 kW), et de ne pas étendre ces exonérations aux opérations d’autoconsommation collective. «C’est une vision jacobine anachronique, suivre ces recommandations reviendrait à mettre des semelles de plomb à la transition énergétique décentralisée», s’inquiète le professionnel.

Une chose est sûre : «si l’autoconsommation répond à une demande croissante des citoyens de se réapproprier la production d’énergie, elle ne doit pas pour autant être associée à un idéal d’autarcie, souligne l’Ademe. Le réseau électrique est en effet un bien commun existant qui constitue une assurance permettant à l’autoconsommateur d’éviter certains surcoûts d’équipement», notamment des batteries de stockage. Pour l’avocat en droit de l’environnement Arnaud Gossement, demain, «nous serons tous producteurs d’électricité solaire, c’est certain, ne serait-ce que parce que nos smartphones seront dotés d’un film solaire. Mais nous ne serons pas tous indépendants du réseau public de transport et de distribution d’électricité. Il continuera d’avoir une utilité, celle qu’il a depuis 1945 : la solidarité entre les territoires pauvres et riches».

Certains craignent le développement, à l’avenir, de réseaux de transport d’électricité locaux et privés, «de luxe», destinés à des autoconsommateurs d’énergies vertes ayant les moyens de se lancer dans une telle installation. Ce qui laisserait les populations déshéritées dépendantes d’un réseau public financé par moins de personnes, donc moins bien entretenu. D’où l’idée de faire financer le réseau public par les autoconsommateurs, même s’ils ne l’utilisent pas. Pour que l’autoconsommation puisse profiter aux plus modestes, Enerplan propose de «construire de nouvelles solidarités par le bas, le local» en permettant aux autoconsommateurs de céder le surplus non consommé à des programmes de lutte contre la précarité énergétique. Au lieu de vendre son surplus d’électrons, il s’agirait de le céder au HLM voisin. Un peu comme on donne ses tomates en trop à sa voisine. Electricité et potager, même combat.

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